Résumé :
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Les Contes de Perrault sont le résultat d'une censure assez nette de tous les éléments et des motifs qui, dans la version originale, pouvaient choquer ou simplement ne pas être compris par un public mondain. Mais Perrault ne se contente pas de retrancher ce que les contes pouvaient avoir de vulgaire; il transforme le récit et l'adapte à la société de son temps, ajoutant des glaces et des parquets au logis de Cendrillon, restituant l'action du Petit Poucet à l'époque de la grande famine de 1693. Parallèlement, il les teinte d'un humour spirituel, agrémente le récit de plaisanteries parfois piquantes, destinées à ne pas prendre le merveilleux des contes trop au sérieux, déclarant par exemple que l'ogresse de la Belle au bois dormant veut manger la petite Aurore à la sauce Robert, que le prince et sa belle ne dormirent pas beaucoup après leurs retrouvailles, ou encore que les bottes du Chat botté n'étaient pas très commodes pour marcher sur les tuiles des toits. Ce faisant, il adapte son style à l'idée qu'il veut donner des Contes de ma mère l'Oye, multipliant les archaïsmes et les tournures vieillies, utilisant le dialogue, le présent de narration ou le jeu des formulettes («Anne ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir?»; «Ma mère-grand, comme vous avez de grands bras»), qui rappellent l'origine orale des contes et leur vivacité. Intégrant les éléments populaires du conte à une trame romanesque, multipliant les signes d'une pseudo-oralité, ainsi que ceux d'une fausse innocence, Perrault transforme le conte populaire, en réalisant un des chefs-d'œuvre de la littérature universelle, et sauve de l'oubli les huit récits traditionnels, aujourd'hui célébrissimes, qui composent son recueil.
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