Titre : | Le Libera |
Auteurs : | Robert Pinget, Auteur |
Type de document : | texte imprimé |
Editeur : | Paris : Les éditions de minuit, 1984 |
ISBN/ISSN/EAN : | 978-2-7073-0348-6 |
Format : | 228 p. |
Langues: | Français |
Résumé : |
La voix qu'on entend dans Le Libera, son treizième livre, n'a pas d'âge, pas de sexe, on pourrait dire : pas d'identité. Elle parle d'un petit village, elle décrit ses habitants, raconte quelques événements marquants, rapporte les on-dit, les suppositions, les commentaires. Elle se contredit s'embrouille, se répète, mélange les faits, les époques, les personnages et même, à la fin, estropie les noms.
Rien à retenir dans tout cela, aucun sens à dégager, et pourtant cette voix est si familière, intime, prenante, que cette lecture qui résolument ne mène nulle part est un délice. C'est la voix pour la voix, I'écriture pour l'écriture. Le lecteur est agrippé, pris à témoin, emporté, grisé de paroles. Sans doute y a-t-il quelque chose qu'on lui cache, cette voix a trop souvent le ton de l'accusation pour ne pas dissimuler une culpabilité, une frayeur. On en veut manifestement à Mlle Lorpailleur, I'institutrice, qui sait quelque chose ou qui a dit quelque chose : “ Si la Lorpailleur est folle, je n'y peux rien. ” Mais que sait-elle, sur qui, sur quoi ? Une affaire sexuelle est évoquée, crime ou agression contre un jeune enfant. Cela se serait passé il y a longtemps, dans telle ou telle circonstance – circonstances et personnages qui ne cessent de changer au cours des versions successives qui sont données du drame – ou même ne se serait pas passé du tout. Mais Mlle Lorpailleur – dont la réalité est tout aussi douteuse que celle des faits évoqués – se dresse pourtant avec précision devant nos yeux dans ses voiles de deuil, la bouche en cul de poule, traversant le village, droite sur sa bicyclette, ou mal à l'aise sur sa chaise, dans la salle à manger du château de Mlle de Bonne-Mesure. Le ton est si juste qu'on s'aperçoit à quel point, en littérature, est dérisoire ce qui est dit et combien le plaisir que l'on peut prendre à l'écriture est indépendant de ce que l'on nomme une intrigue ou une histoire. Ici, non seulement il n'y en a pas, mais dès qu'il s'en esquisse une, elle est tournée en dérision, désorganisée, afin qu'il ne subsiste plus que ce goût de moisissure, origine, pour Flaubert, de Mme Bovary, ou celui de la madeleine de Proust. |
Exemplaires (1)
Localisation | Code-barres | Cote | Support | Section | Disponibilité |
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AF Bhopal | BH300154 | R PIN | Livre | Romans adulte | Libre accès Disponible |