Résumé :
|
Le Drame de l'humanisme athée ne se présente pas comme un ouvrage systématique, mais plutôt comme un ensemble d'études ordonnées selon un dessein prémédité. La plus grande partie des chapitres est en fait une série d'articles publiés entre 1942 et 1943 dans la revue Cité Nouvelle, qui a remplacé la revue Études des jésuites pendant l'Occupation. Ces articles étaient publiés en alternance avec des réflexions théologiques inactuelles. Bien que consacrés à des philosophes du xixe siècle, ils ont tenu compte des circonstances de la guerre. La présentation de l'ouvrage indique que tout en passant la censure, ces articles infléchissaient le cap vichyste2 de la revue. Le troisième chapitre de l'étude sur Dostoïevski, “l'expérience de l'éternité”, semble tenir compte de l'imminence de la défaite du Reich : il y a une allusion à Moeller van den Brück, et la mission des grands peuples est mise en avant. En fait, c'est la deuxième partie sur Comte qui a subi le plus de changements. Les articles étaient consacrés à Proudhon, mais l'athéisme de ce dernier n'était pas un antithéisme. La pensée de Comte convenait mieux à l'ouvrage, en dépit de la faible audience de la religion positiviste, qu'Henri de Lubac a malgré tout prise au sérieux.
|