Titre : | Eloge de la Philosophie : Leçon inaugurale faite au Collège de France, le jeudi 15 janvier 1953 |
Auteurs : | Maurice Merleau-Ponty |
Type de document : | texte imprimé |
Editeur : | Paris : Gallimard, 1953 |
Collection : | Nrf |
Format : | 90 p. |
Index. décimale : | 194 (Philosophie française moderne) |
Mots-clés: | philosophie ; existence ; philosophe ; dieu ; religion |
Résumé : |
Les philosophies sont les coquilles que les philosophes ont habitées : elles laissent à peine deviner la vie cachée de l'animal. Au delà des
doctrines, être philosophe, c'est sentir que les vérités sont discordantes et pourtant solidaires, c'est chercher le nœud, les maintenir ensemble comme elles sont ensemble dans le monde, c'est la résolution de tout dire, un pari sur la clarté. Le philosophe ne choisit donc pas? Au pied du mur, il fait comme les autres. Mais justement, il n'entend pas qu'on mette au compte de la Raison universelle un choix qui se fait dans l'à peu près. Quand les choses en sont à ce point qu'il n'y a plus que de mauvaises solutions, il se décide pour la moins mauvaise. Mais il dit pourquoi, et que c'est un pis aller. S'il doit rester lui-même, il ne faut pas qu'il se prenne, et les autres avec lui, au piège des questions mal posées, qu'il garde pour lui ses doutes et ne montre aux autres que certitudes, comme on fait avec les enfants, qu'il taise ses motifs et ne donne que sa conclusion. C'est alors qu'il serait équivoque, et c'est pour rester vrai qu'il doit avoir l'air ambigu. Ni meilleur ni pire que les autres, mais voué, si sa vie a un sens, à manifester et à mettre en paroles des conflits qu'ils vivent en silence, il ne passe de compromis avec l'irrationnel que si c'est pour plus de clarté, qu'en le sachant, qu'en le disant. Telle est sa règle, son action, son parti. Rien ne prouve qu'une société et même un parti ne puissent s'accommoder de celui-là. Pourquoi aurions-nous tous exactement les mêmes devoirs? Pourquoi ne serait-ce pas une tâche aussi urgente de parler vrai que de lutter? Pourquoi chacun ne pousserait-il pas de son côté et pourquoi ces chemins n'iraient-ils pas au même carrefour ? Aujourd'hui, le service des valeurs et celui des besoins s'accordent mal et l'on nous somme de préférer l'un à l'autre. Mais si une société valable doit exister, ce sera celle où ils ne feront qu'un. Il faut donc refuser l'ultimatum et tenir les deux bouts de la chaîne. C'est le sort commun, celui de l'homme politique lui-même. Car il ne suit pas plus le cours des choses que la seule loi du cœur. S'il est grand, un moment vient toujours où il dit : je céderai jusqu'ici, non au delà, et, à l'endroit choisi, il attend que la vague le brise ou le porte au delà de l'obstacle. Cette hésitation de l'homme et du monde est l'école du vrai courage. Il faut que quelqu'un soit là pour en parler : ce bavard est le philosophe. 96 pages, 118 x 185 mm |
Exemplaires (1)
Localisation | Code-barres | Cote | Support | Section | Disponibilité |
---|---|---|---|---|---|
AF Bengale | 900474 | 194 MER | Livre | Doc. adulte | Libre accès Disponible |