Résumé :
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Prologue : Un narrateur anonyme observe une photo sépia représentant un fleuve et une imposante bâtisse menacée par la montée des eaux. Cette image statique s’anime soudain : la maison est alors lentement engloutie par les flots…En 1907, Amulya et sa famille s’installent à Songarh, petite ville située sur un haut plateau du Bengale rural. Autrefois centre de pèlerinage bouddhique, la ville est à présent un centre minier aux mains des colons britanniques. Séduit par le calme du lieu, Amulya, passionné de botanique, établit une petite usine de plantes médicinales à laquelle il se consacre entièrement. Mais Kananbala, son épouse, ne s’habitue pas à cette vie de province. Quand ses deux fils quittent le foyer pour se marier, elle est soudainement atteinte d’étranges symptômes qui l’assignent à résidence dans sa chambre d’où elle est le témoin d’un meurtre passionnel, tragédie aggravée par la disparition de la femme de son fils, Nirmal, qui meurt en donnant le jour à une petite fille : Bakul. Nirmal disparaît alors et Amulya décède peu après d’une crise cardiaque. Dix ans plus tard, l’activité minière de Songarh s’est tarie, la ville n’est plus que l’ombre d’elle-même. Devenu archéologue, Nirmal sillonne le pays et ne rentre que rarement à la maison où il a recueilli Mukunda, fils illégitime d’une employée qui travaillait pour son père. Bakul et le jeune garçon deviennent d’inséparables compagnons de jeu mais voyant leur complicité se teinter, avec le temps, d’une ambivalence amoureuse, la famille les sépare en envoyant Mukunda à l’école à Calcutta. Dix années se sont à nouveau écoulées. C’est à présent Mukunda qui raconte comment il a décidé de prendre sa vie en main et de rompre avec son père. Devenu le protégé d’un prospecteur immobilier impitoyable, il “hérite” de la maison, à Calcutta, d’un couple forcé de fuir vers le Pakistan de l’Est au moment de la Partition, et y fonde sa propre famille. Mandaté par son patron pour expulser les occupants de la maison de Songarh, il échange alors sa maison de Calcutta pour devenir propriétaire du lieu où il a grandi et peut ainsi en protéger les occupants, décision déchirante car elle se fait aux dépens de son propre foyer. Déchiré entre deux familles et deux maisons, Mukunda vit alors une lente descente aux enfers au bout de laquelle Bakul réapparaît … Dans ce roman qui retrace la vie de trois générations d’une famille bengalie du XXe siècle, l’arrière-plan historique (colonisation, Indépendance, Partition) est réfracté à travers des trajectoires individuelles. Passionnée par la complexité des relations familiales et humaines, Anuradha Roy tisse des liens entre individus par-delà les castes, les religions, les générations et les sexes. Au-delà de sa dimension sociale et historique, le roman privilégie le rapport des êtres aux lieux. Les maisons, extensions métonymiques des hommes et des femmes qui les habitent, y occupent une place centrale. L’auteur décrit avec précision et élégance des espaces (demeures, jardins, paysages) et des atmosphères ; elle suit les protagonistes dans leur vie quotidienne (préparatifs de repas, toilettes, rituels de prières, jeux d’enfants, scènes de ménage…) pour donner à éprouver les pouvoirs de ce terreau sensible où s’ancre et se déploie l’existence de ses personnages.
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