Titre : | Agonistique : penser politiquement le monde |
Auteurs : | Chantal Mouffe, Auteur ; Denyse Beaulieu, Traducteur |
Type de document : | texte imprimé |
Editeur : | Paris : Beaux-arts de Paris éditions, DL 2014 |
Collection : | D'art en questions, ISSN 1637-1003 |
ISBN/ISSN/EAN : | 978-2-84056-440-9 |
Format : | 1 vol. (164 p.) / 21 cm |
Note générale : |
En appendice, entretien de l'auteur publié dans l'ouvrage "Und jetz ?" en 2007
Notes bibliogr. et webliogr. |
Langues: | Français |
Langues originales: | Anglais |
Index. décimale : | 321.801 |
Résumé : |
Les essais réunis dans ce volume examinent la pertinence de l'approche agonistique élaborée dans mes livres précédents quant à une série de problèmes qui me semblent importants pour le projet de la gauche. Chaque chapitre traite d'une question différente, toujours abordée sous un angle politique. Comme Ernesto Laclau et moi-même l'affirmions dans Hégémonie et stratégie socialiste, pour penser politiquement, il faut d'abord reconnaître la dimension ontologique de la négativité radicale. C'est parce qu'il existe une forme de négativité impossible à surmonter dialectiquement qu'on ne peut jamais parvenir à une pleine objectivité et que l'antagonisme est une possibilité constamment présente. La société est imprégnée de contingence et tout ordre est de nature hégémonique; autrement dit, il est toujours l'expression de rapports de pouvoir. Dans le domaine politique, cela signifie qu'il faut renoncer à la recherche d'un consensus sans exclusion et à l'espoir d'une société parfaitement réconciliée et harmonieuse. Par conséquent, l'idéal de l'émancipation ne peut être formulé en termes de réalisation d'une forme de «communisme».
Mes réflexions actuelles ici se situent dans le prolongement de la critique du rationalisme et de l'universalisme que je développe depuis The Return of the Political, où j'entamais l'élaboration d'un modèle de démocratie que j'appelle «le pluralisme agonistique». En inscrivant la dimension de la négativité radicale dans le domaine politique, j'y proposais une distinction entre «le politique» et «la politique». Par «le politique», j'entends la dimension ontologique de l'antagonisme, et par «la politique», l'ensemble des pratiques et des institutions visant à organiser la coexistence humaine. Ces pratiques, cependant, opèrent toujours au sein d'un contexte de conflictualité informé par «le politique». La thèse-clé du «pluralisme agonistique» a été élaborée par la suite dans The Démocratie Paradox, où j'argumentais que l'une des tâches essentielles de la démocratie était de fournir des institutions qui permettent aux conflits de se dérouler sous une forme «agonistique», où les opposants ne sont pas des ennemis mais des adversaires entre lesquels il existe un consensus conflictuel. Ce que je voulais démontrer à travers ce modèle agonistique était la possibilité d'envisager un ordre démocratique, même en affirmant que l'antagonisme ne peut être éradiqué. Certes, les théories politiques qui soutiennent une telle thèse finissent en général par défendre un ordre autoritariste, seule façon selon elles de prévenir la guerre civile. C'est pourquoi la plupart des philosophes de la politique attachés à la démocratie se croient tenus d'affirmer la possibilité d'une solution rationnelle aux conflits politiques. Pour ma part, je soutiens que la solution autoritaire n'est pas forcément la conséquence logique d'un tel postulat ontologique, et qu'en distinguant «antagonisme» d'«agonisme», il est possible d'envisager une forme de démocratie qui ne nie pas la négativité radicale. Au cours des dernières années, en réfléchissant aux événements politiques mondiaux, j'ai été amenée à m'interroger sur les éventuelles implications de mon approche dans le domaine des relations internationales. Quelles sont les conséquences, dans l'arène internationale, de la thèse selon laquelle tout ordre est hégémonique ? Est-ce à dire qu'il n'existe aucune alternative au monde unipolaire actuel, avec toutes les conséquences négatives que cela entraîne ? Sans doute faut-il renoncer à l'illusion d'un monde cosmopolitique au-delà de l'hégémonie et de la souveraineté. Mais ce n'est pas la seule solution qui s'offre à nous, car nous pouvons aussi en concevoir une autre : la pluralisation des hégémonies. A mon sens, en instaurant des rapports plus égalitaires entre pôles régionaux, une approche multipolaire ouvrirait la voie à un ordre agonistique où les conflits, bien qu'ils ne disparaissent pas, seraient moins susceptibles de prendre la forme de l'antagonisme. |
Exemplaires (1)
Localisation | Code-barres | Cote | Support | Section | Disponibilité |
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AF Pondicherry | py009691 | SS MOU | Livre | Revues | Libre accès Disponible |