Résumé :
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Le 19 octobre 1999, Nathalie Sarraute achevait à Paris une traversée du siècle commencée en 1900 à Ivanovo, dans la Russie des tzars. Avec elle disparaissait l'un des écrivains français contemporains dont la survie littéraire est la moins douteuse. Romancière, auteur dramatique, essayiste (et même polémiste), Nathalie Sarraute n'a cessé de tarauder le langage de l'intérieur. Elle a démasqué la violence subtile ou sournoise de nos " échanges ". Elle a mis des mots sur l'ineffable cruauté des non-dits. Elle a formulé clairement la violence obscure de nos silences. Tandis que faisaient rage, sur la scène du XXe siècle, les grandes logomachies théoriques et politiques, son patient travail mettait au jour les tyrannies plus sourdes de l'intimité. Tandis que fleurissait toute une littérature de " l'incommunicabilité ", elle nous rappelait à l'évidence de la " communication " - prouvée par ses blessures. Et tandis que ses associés provisoires du Nouveau Roman plaidaient contre le sujet, elle donnait un sens nouveau à une subjectivation faite d'affrontements imperceptibles et affolants. Nathalie Sarraute ne laisse pas seulement une œuvre dont le rayonnement n'a cessé d'augmenter au cours des dernières années ; elle nous lègue une " vision " des mots et du monde - ineffaçable. Chez Nathalie Sarraute, l'usage de l'écriture est aussi une leçon de vie et, osons le mot, de sagesse. Ecrivains et universitaires, critiques littéraires et philosophes, traductrice et metteur en scène : des voix très diverses font ici cortège à cette œuvre singulière, à la fois ouverte et secrète.
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